Mon Amour de l'An 2000 Georges Réveillac

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Chapitre 2

MÔMMANH et la STRUCTURE de l'EXISTENCE HUMAINE

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Volonté d'existence : origine et guide de la vie, origine et guide de l'homme.

« Voilà. Il va falloir bientôt quitter le rivage où je suis couché depuis si longtemps en écoutant la mer... Il va faire frais et je n'ai jamais appris à allumer le feu et à me chauffer moi-même... Je vais essayer de demeurer là encore un moment à écouter parce que j'ai toujours l'impression d'être sur le point de comprendre ce que l'océan me dit. Je ferme les yeux, je souris et j'écoute. Il me reste encore de cette curiosité. Plus le rivage est désert et plus il me paraît toujours peuplé. Les phoques se sont tus sur les rochers et je reste là, les yeux fermés, en souriant... . » (ROMAIN GARY)

(Pour comprendre ce qui suit, il faut avoirsous les yeux le schéma intitulé « Structure de
l’Existence Humaine » situé à la fin de ce chapitre.)

Comme je te l'ai dit, mon imagination a laborieusement exhumé Mômmanh voici plusieurs années, dans un no man's land bien particulier, par-delà les frontières de la pensée raisonnable.

Dans un premier temps, j'eus l'idée que l'homme est peut-être mu par un formidable désir d'existence.

Évolution : nouvelle théorie.

La Théorie de l’Evolution peut s’intituler « Théorie de la Lutte pour la Vie » : vie de l’individu et de son espèce. Voilà ce qui conduirait l’évolution du vivant. Ma théorie va plus loin. Le désir d’existence ne s’arrête pas quand il a assuré la vie de l’espèce. Il recherche aussi la vie d’autres espèces et même la conservation de certains éléments non vivants, qu’ils soient les créations de l’homme, ou celles de la nature telles que les beaux paysages de pierre, de sable, d’eau, de glace ou de nuages, de lumière ou de feu... Voici deux exemples de ce comportement : la défense de la cause animale et, pour le deuxième registre, le Patrimoine Mondial de l’Unesco.

C’est pourquoi je propose qu’on élargisse la théorie de Darwin à un ensemble plus vaste que l’on appellerait : « Théorie de la Lutte pour l’Existence ».

Qu’est-ce que l’existence ?

C’est la vie et les plaisirs en même temps que la communion avec nos semblables.

Elle se réalise tantôt de façon individuelle,tantôt par procuration sur autrui – tantôt égoïste, tantôt altruiste, si vous préférez - ou encore en combinant les deux modes : nos enfants, nos ancêtres préférés, nos lointains descendants, les célébrités en tous genres, la patrie, l’humanité, la nature...peuvent être porteurs de notre existence.

Enfin, elle se situe à la fois dans le présentet dans la longue durée, l’éternité même, si possible.

Voici donc présentés les six éléments de base de l'existence humaine.

Quand l'une de ces composantes est trop difficile à réaliser, le désir d'existence se tourne vers les autres. Si le présent n'offre rien de bon, l'homme va se tourner vers la pérennité, une religion, par exemple. Si sa vie personnelle ne présente aucun attrait, il peut déléguer son existence à quelqu'un de mieux placé : un champion de football, un savant, un grand acteur, son patron ou sa patronne, un ami... Il existera ainsi par procuration, comme le bon chien qui sacrifie sa vie pour son maître.

L’existence qui englobe l’espace-temps le plus large, régie par des lois morales, est prioritaire, mais celle qui touche au plus près l’individu - moi, ici, maintenant -, est la préférée.

L’idéologie répond à l’angoisse existentielle de l’homme : comprendre le monde pour y établir son existence. Elle répond d’abord à l’insupportable angoisse de la mort. Elle encadre toutes les activités humaines. Elle est partagée, car l’existence est impossible sans les autres. Elle est la source de la morale.

En Europe, jusqu’aux « Lumières » du 18ème siècle, toutes les idéologies étaient chrétiennes ; elles prenaient appui sur la « Sainte Bible », livre sacré qui expliquait le monde et les règles de vie édictées par le dieu unique, celui des chrétiens : Dieu, tout simplement. Les philosophes des Lumières mirent en cause cette idéologie où ils étouffaient. La plupart décidèrent que les hommes bâtiraient leur existence sans faire appel à la Bible ni à aucun texte religieux ; ils s’efforceraient de réaliser leurs rêves en prenant appui sur les seules lois de la nature. C’était le début de la laïcité.

Comme elle n’a pas pu tenir toutes ses promesses, elle est maintenant remise en cause ; mais ceci est une autre histoire que nous verrons à la fin du roman.

L’homme réalise son existence au sein de deux domaines : l’idéologie et la nation, laquelle se confond généralement avec son propre état. Celui-ci ne peut fonctionner sans une idéologie dominante : l’idéologie d’état, tantôt affichée, tantôt occulte parce qu’émanant d’une nécessité inconsciente. Presque toujours, ladite nation possède un territoire avec suffisamment de ressources pour assurer l’essentiel de l’existence. Toutefois, avec le développement de l’industrie, le commerce est de plus en plus indispensable pour procurer les ressources qui ne se trouvent pas sur le territoire. Le commerce a même pris une importance telle que tous les états du monde sont devenus interdépendants. Une grande crise économique, comme la crise de 1929, crée du chômage, de la misère et un grand désarroi dans toutes les populations du monde ; les crises sont étroitement liées au système ultralibéral que nous imposent les très grandes fortunes. D’ailleurs, elles en tirent profit en surexploitant les entreprises et les hommes à genoux.

Pour illustrer ce qui précède, je te propose ces extraits d’un discours prononcé par Hitler, devant le Reichstag, le 28 avril 1939, en réponse à un télégramme de Franklin Delano Roosevelt, président des Etats-Unis.

Nation : « […] je n’ai pas eu d’autre pensée que de lutter pour rendre à la Nation Allemande sa liberté […] »
« […] Monsieur Roosevelt croit…qu’il est au pouvoir des chefs des grandes nations de libérer leurs peuples du désastre imminent […] »

Idéologie : « […] ces démocratiques dictateurs de la paix (suite à la guerre 1914/1918) ont, avec leur folie de Versailles, ruiné de fond en comble l’économie mondiale […] »
« […] Vous savez que je suis non pas un homme d’état démocratique, mais un national-socialiste […] »
« […] L’Allemagne nationale-socialiste ne songe nullement à renier les principes de race, qui font notre fierté [...] »

Territoire : « […] En 1933, quand je suis devenu Chancelier du Reich, vous êtes devenu Président des Etats-Unis. Vous avez ainsi été placé, dès le premier instant, à la tête d’un des plus grands et des plus riches pays du monde. Vous avez la chance de n’avoir à nourrir qu’à peine 15 hommes par km2... Vous disposez des plus grandes richesses de sous-sol qui existent au monde. Vous pouvez... assurer à chaque Américain dix fois plus de biens que ce n’est possible en Allemagne […] Bien que le nombre des habitants de votre pays ne dépasse que d’un tiers à peine celui des habitants de la Grande Allemagne, vous disposez de 15 fois plus d’espace vital […] »
« […] Pendant les 6 années et demie qui viennent de s’écouler, je n’ai donc vécu… que pour la seule tâche d’éveiller les propres forces de mon peuple… J’ai énormément accru la production dans tous les domaines de notre économie nationale, j’ai fait créer, au prix d’efforts extrêmes, des matières capables de remplacer les nombreuses substances naturelles qui nous manquent […] J’ai réussi à réintégrer jusqu’au dernier, dans des travaux de production utile, les 7 millions de chômeurs qui nous tenaient tant à cœur… Pour faire face aux menaces du reste du monde, je n’ai pas seulement uni politiquement le peuple allemand, mais je l’ai aussi armé […] j’ai rétabli l’unité historique de l’espace vital allemand […] »

Mais, revenons à la présentation sommaire de l’existence. A cette étape de ma réflexion, je pensais encore que le désir d'existence est le propre de l'homme, mais j'observai plusieurs signes témoignant de sa présence chez l'animal.

Alors je me demandai quand et comment, au cours de l'évolution, le désir d'existence avait bien pu apparaître. Quand ? Mes connaissances en paléontologie ne m'autorisaient pas à répondre. Comment ?... J'avais beau me triturer la cervelle dans tous les sens, je ne voyais pas comment la matière aurait pu accoucher d'une telle abstraction, comment ses atomes avaient pu se mettre à ressentir des émotions, au point de mourir d'amour, comment elle avait pu créer ce qui, en fin de compte, est l'essence de l'esprit. Comment ?...

Alors, je me dis : « Et si ce désir d'existence y était déjà, dans la matière ? »

Mômmanh venait de naître.

J'en ai fait un modèle de science-fiction, pour simuler l'apparition et l'évolution de la vie, principalement la nôtre, notre histoire, et nos histoires. Je l'utiliserai de temps à autre, tout au long de ce roman, pour tenter d'expliquer ce qui en constitue la matière : les personnages, la nature, les pays, l'histoire, l'univers. C'est le côté « science » de cet ouvrage, l'autre côté, la fiction, se trouve dans le roman.

« Science » et fiction : comment t'y retrouver ? C'est simple. Chaque fois que j'utiliserai le modèle à vocation scientifique, j'utiliserai les mêmes caractères spéciaux que dans ce chapitre : gros, gras, couchés sous leur propre poids.

Dans ce modèle, Mômmanh - c'est-à-dire la matière - serait douée de mémoire : parmi les éléments l'ayant touchée, elle se souviendrait de ceux qui ont répondu à son désir d'existence, en bien comme en mal.

Ensuite, quand les aléas de la vie amènent de nouveau à son contact des agents qu'elle a connus, elle aurait le pouvoir d'agir sur eux : elle saurait favoriser les éléments qui sont de bons souvenir et repousser leurs contraires. Il est très probable qu'elle renforce les souvenirs souvent évoqués tandis qu'elle efface progressivement les autres.

Ce processus l'aurait conduite à inscrire dans notre hérédité biologique les mémoires cumulées des faits marquants et répétés advenus à toute notre lignée d'ancêtres depuis la naissance de la vie.

Autrement dit, nos cellules reproductrices, les spermatozoïdes et les ovules, alias gamètes, porteraient dans leurs gènes et autour de ceux-ci, la mémoire de tout ce qui a marqué durablement la vie de tous nos ancêtres.

Caïn contre Abel : Egoïsme contre Altruisme.

Tout au long de l'histoire, on observe la présence quasi constante de l'égoïsme sous toutes ses formes. Il ne cesse de trouver mille et une ruses pour voler à l'altruisme sa place de premier, tout comme Caïn envieux d'Abel au point de le tuer. Même quand l'espèce est en grand danger, cet égoïsme teigneux ne cède la place à l'altruisme que pour revenir aussitôt par une porte dérobée.

« Alors, Mômmanh, ce maudit égoïsme, pourquoi tolères-tu qu'il ait une telle emprise ? »
Elle le sait pourtant que c'est un vecteur de mort ! Elle le sait pourtant qu'il est le principal ennemi de l'existence !

J'ai ma petite idée sur le sujet. Le besoin d'existence, présent dans la moindre particule de matière, le besoin d'existence que chacun de nous incarne est, par nature, égoïste. Chaque grain de matière veut exister à travers tous les autres grains de matière, dans le double infini du temps et de l'espace. Mais tout seul, il n'y arrivera jamais. Il a besoin de tout l'univers pour parvenir pleinement à ses fins. Pour cela, il faut bien qu'il s'accorde avec autrui. Il faut bien qu'il délègue tout ce qu'il ne peut faire lui-même, grain de poussière égaré dans l'infini.

Mais, vingt dieux, que c'est dur !

Il faudrait que Mômmanh trouve quelque chose pour nous contraindre à davantage d'altruisme. Certes, elle a inventé l'amour que nous présente cet ouvrage. C'est formidable, mais le compte n'y est pas. Peut-être qu'en plus de cet aiguillon tellement exquis, une meilleure connaissance de nous-mêmes saura nous arracher enfin à l'infâme bourbier où nous retombons sans cesse.

Le moment est venu de placer les deux grandes lois de l’histoire.

Lois de l'histoire

La première, c'est la Loi du plus Fort, comme dans la nature. Le peuple qui a le pouvoir de détruire les autres fait sa loi.

La deuxième, c’est la loi de la réussite existentielle : la meilleure réponse au besoin d’existence. Le peuple qui excelle dans ce domaine attire à lui les autres ; quand il attire aussi les guerriers, il devient le plus fort.

Ces deux lois ont conduit l’humanité à construire, progressivement, des états de plus en plus grands. Mais les individus, poussés par leur préférence égoïste, ne peuvent se contenter de respecter les lois, ils luttent pour que l’état agisse en leur faveur. La loi du plus fort s’applique là aussi.

Au cours de l’histoire, à partir de l’âge du bronze, le pouvoir est allé vers ceux qui qui pouvaient se procurer des armes très coûteuses et qui pouvaient s’en servir, les professionnels de la guerre : les guerriers. Au sein des multiples états qu’ils ont contribué à construire, ils se sont attribué les premières places, obligeant les paysans et le reste de la population à travailler pour eux ; comme ils tenaient à garantir leur existence le plus longtemps possible, jusque par-delà la mort, ils ont partagé leur pouvoir avec les gardiens de l’idéologie : les prêtres.

A notre époque, les puissances d’argent ont su l’accaparer, ce pouvoir jouissif : de l’argent, elles en ont suffisamment pour acheter, si besoin est, la fidélité des guerriers. Dans plusieurs états dits démocratiques, elles achètent aussi les dirigeants, les électeurs et la presse. A l’échelle planétaire, elles achètent même la puissance américaine pour régner sur toute la terre, principalement sur l’économie mondiale. Les règles qu’elles concoctent ont pour but essentiel de leur faire gagner encore plus d’argent.

Il appartient aux citoyens du monde de prendre le contrôle de ce pouvoir masqué qui saccage la planète, pouvoir qui est d’ailleurs en passe d’être supplanté par celui de la Chine.

(J’ai mis à jour « Lois de l’Histoire » en avril 2018)

Comment l'évolution a produit l'intelligence humaine.
Intelligence humaine et intelligence artificielle

Tu comprends maintenant que l'intelligence artificielle ne pourra jamais reproduire l'intelligence humaine : il faudrait pour cela qu'elle dispose de notre colossale mémoire tant innée qu'acquise, tant consciente qu'inconsciente. A supposer qu'elle avale cet océan, il faudrait encore qu'elle puisse éprouver chaque goût et dégoût associé à chacun de ces souvenirs qui sont comme autant de gouttes d'eau dans une mer.

Observer les êtres avec l'aide de Mômmanh, ou leur faire passer une radio, c'est un peu la même chose : on découvre des choses qui étaient invisibles.

Réelles ? Ou imaginaires ?

En tout cas, c'est le jeu que je te propose. Nous allons demander à Mômmanh de nous raconter l'amour.

Et, une fois de plus, ceci n'est qu'une hypothèse développée en forme de théorie. Il appartient à la science de la tester et d'apprécier sa fiabilité. Si tu cherches un gourou, tu ne le trouveras pas ici.

STRUCTURE de l'EXISTENCE HUMAINE

 

STRUCTURE de l'EXISTENCE HUMAINE

 

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